Le résumé de la quatrième de couverture, l’illustration d’icelle, m’avaient terriblement alléché. Voilà de quoi écrire une histoire vraiment intéressante … ou très ennuyeuse ! Il fallait que je sache.
Alice Babin nous offre là un livre intelligent et bien construit qui remporte mon suffrage sans hésitation.
Les personnages sont délicieusement partagés entre leur idées, leurs idéaux, leurs sentiments, autant qu’il nous arrive à tous de l’être. « Le bonheur des autres ne fait pas le nôtre« , le slogan des briseurs de rêves, peut d’abord sembler être une revendication égoïste. C’est une simple réalité : le bonheur du grand nombre ne fait pas le bonheur de tous.
Au cours de la lecture de cet excellent bouquin j’ai plusieurs fois pensé à cette déclaration de Coluche, qu’Alice Babin, née en 1980, aurait probablement aimé, à propos des chiffres du PIB français : « Ils vont être contents les pauvres, de savoir qu’ils vivent dans un pays riche ! ».
Si la notion de bonheur est universelle, sa définition demeure un enjeu philosophique. Sa quête est-elle forcément individuelle ou existe-t-il un bonheur sociétal ? Un gouvernement peut-il rendre ses administrés heureux ?
Happycratie n’est pas un livre de philosophie, c’est un roman de science-fiction, éminemment politique, comme tous les romans de science-fiction. Mais Alice Babin œuvre avec une telle finesse qu’elle ne répond pas aux questions que le roman pose. Elle interroge, elle montre, elle laisse le lecteur, la lectrice, libre de penser.
Ce roman est accessible aux adolescents comme à leurs parents, intéressant autant pour les uns que pour les autres.
L’histoire se déroule en 2040. C’est dans 18 ans. Le temps nécessaire à un nouveau-né pour atteindre la majorité.
D’ici là, quel sera l’état du monde ? Qu’est-ce qui nous rendra heureux ou malheureux ?
Alice Babin nous fait réfléchir aux enjeux des relations humaines à différents niveaux : le couple, la famille, l’administration, l’État, l’Europe. Comment notre action individuelle contribue-t-elle au bien-être ou au mal-être des autres, qu’ils nous soient plus ou moins directement liés ?
Un livre intelligent et bien pensé, fidèle à la ligne éditoriale des éditions L’Alchimiste.