J’ai tout de suite été embarqué par cette histoire de notation parce que celui qui est d’ores et déjà en place actuellement via les plateformes et autres services de suivi clientèle me hérisse farouchement. La notation est devenue une référence absolue et un incontournable critère de jugement à priori en dépit de son caractère totalement subjectif et probablement aisément corruptible. Et là, je ne parle que de notre présent.
Florence Wells explore cette idée à travers une société où le citoyen n’existe que par sa notation. Elle lui est attribuée par un gouvernement omniprésent façon Orwell, que l’œil de la caméra sur l’illustration de couverture n’est pas sans rappeler. Les citoyens sont constamment épiés, contrôlés, et notés en fonction de leur alimentation, de leur conduite, du caractère vertueux ou non de leur déplacement, de leur habillement et de la teneur de leur conversation.
En fonction du nombre de points qui leur est ainsi attribué, les citoyens de Pointland peuvent ou non avoir accès à certains établissements, depuis la simple possibilité d’ouvrir un compte en banque jusqu’à celle d’aller en discothèque.
Le roman raconte le parcours de deux citoyens que tout semble opposer. Tzéga est une jeune femme qui se pose des questions et Valmir un homme qui ne s’en pose aucune, totalement dévoué au Parti.
Les deux vont avoir à prendre plus pleinement conscience des affres sordides dans lesquelles peuvent les plonger le système de points dont il semble réellement impossible de s’affranchir.
Pointland est un roman noir, percutant et terriblement suggestif dans la mesure où il ne cesse de nous inviter – indirectement – à considérer la condition de citoyen dans une société où les intérêts de la classe dirigeante semblent totalement dissociées des intérêts des administrés.
Bien entendu, il ne s’agit là que d’une fiction sans aucun rapport avec la réalité …