Sphère : "L'enquête est passionnante
L’enquête est passionnante. Je redoutais un peu au départ, car les démonstrations mathématiques, physiques, sont de haut niveau, mais je me suis vite immergée dans ce milieu et sur les traces de ce héros mais aussi sur la réflexion sociétale qui accompagne l’intrigue (Ah ! ces chers GAFAB and Cie qui nous polluent tant le paysage !) et il faut reconnaître que l’auteur se met à la portée du commun des mortels : les explications données à Franck nous en apprennent suffisamment pour ne pas se sentir noyés.
J’ai particulièrement apprécié l’opiniâtreté de Franck, son désir de comprendre, que ce soient les mathématiques, l’Intelligence Artificielle, la robotique ou les recherches sur l’autisme, il n’hésite pas à aller à la pêche aux infos, s’approchant des experts dans ces domaines. Et mon goût pour les policiers cabossés est connu.
J’ai beaucoup aimé le style de Florent Rigout que je découvrais avec ce thriller, et particulièrement apprécié, outre le côté addictif du récit, la manière dont il présente les faits, en avançant dans l’intrigue, il nous livre en alternance l’histoire à Bassora (en 998 après J.C.) d’un jeune étudiant Ibn al-Haytan, alias Alhazen qui a accepté une mission pour étendre la gloire du calife sur tout le Moyen-Orient : découvrir les sources du Nil. Il a choisi pour l’accompagner Abu-Mansir, un jeune géographe qui a bien compris, lui, qu’en cas d’échec ce serait la mort assurée.
Les deux récits s’entrecroisent, nous permettant d’aborder les mathématiciens et les découvertes de l’époque, tout en progressant dans l’enquête et on se rend compte que le désir des hommes de dominer est le même, à l’approche de l’an 1000 qu’à l’heure actuelle, seule la sophistication des méthodes a changé…
A l’heure de la toute puissance des réseaux sociaux, avec les complotistes de tous ordres, ceux qui pensent que la Terre est plate, que l’homme n’a pas marché sur la lune, j’en passe et des meilleures, voici une phrase qui m’a bien plu :
Avant tous ses pairs, il (Alhazen) a affirmé qu’un homme de science doit se défaire de ses opinions, et opinion signifiait religion à cette période. Se débarrasser de l’influence des écrits sacrés, remettre en cause de manière systématique et ne valider uniquement ses théories que sur l’empirisme. Il s’agit de la première pierre de la science, de l’esprit critique et de la logique.